27-07-2010

A la fin du mois de juillet je suis allé à Port Hedland pour faire une course importante pour l’infirmière de Punmu. J’ai prit le 4x4 pour 2 jours, et me suis arrêté à Warralong pour une nuit.

Pour rendre service, j’ai accepté de conduire un des hommes de la communauté pour chercher sa femme en pleine nuit, je pensais qu’elle n’avait pas de voiture pour revenir. Ne sachant pas vraiment où aller, j’ai été forcé à poursuivre une voiture sur une piste, aveuglé par la poussière, essayant d’éviter les vaches et les clôtures. Une fois rejointe, l’homme à mes côtés est descendu, ouvert la porte et frappé le conducteur avec une violence incroyable. La victime s’est enfuie dans le bush et l’homme l’a suivi, j’ai vraiment pensé que j’assisterai à un meurtre. Plus tard j’ai accepté de suivre la voiture à nouveau car j’ai appris entre temps qu’il s’agissait de sa femme, que j’aime beaucoup et qui a été adorable avec moi, pour lui porter secours. En arrivant au bout de la piste, dans une station d’éleveur de bétail, j’ai découvert une femme hagarde, le visage couvert de sang et de plaies ouvertes. J’ai fait mon possible pour la protéger. Je n’ai pas senti que les propriétaires voulaient m’aider, aider cette femme. En attendant la police, l’homme m’a réclamé les clefs pour repartir avec elle. Il m’a demandé de ne pas me mêler de ses affaires, que je n’ai pas passé assez de temps avec eux pour comprendre leur culture. Elle m’a supplié de la protéger, mais a rapidement renoncé sous le poids des conséquences. Après avoir mentionné qu’il m’avait utilisé et menti pour arriver à ses fins, j’ai dû lui redonner les clefs sous des menaces de violences envers moi et de mort envers elle. La police est arrivée trop tard, je les ai suivis au poste pour la déposition qui a duré une bonne partie de la nuit. L’homme a été appréhendé et relâché aussitôt, la femme a été acceptée le matin à l’hôpital. Les violences conjugales sont fréquentes dans beaucoup de communautés aborigènes, qui conduisent parfois à la mort. L’alcool est souvent en jeu. En tant que blanc, il est déconseillé de s’en mêler sous peines de représailles, mais ma propre culture et mes convictions m’empêchent de regarder une femme se faire tabasser, peu importe les raisons. J’ai beaucoup hésité avant de publier ce billet. J’effectue ce voyage pour découvrir cette culture, ce serait hypocrite de ma part de ne pas en parler. Je décide toutefois de garder les noms des personnes pour moi. Je n’oublierai jamais cette nuit.

En revenant à Warralong, pour ensuite me diriger vers Broome, j’ai recroisé cet homme. Il m’a salué. Je suis resté une nuit seulement chez Becks et Ryan qui m’ont gentiment accueilli. Peu après être reparti le matin, une voiture me rattrape, cet homme et cette femme. Je pensais qu’il regrettait de m’avoir utilisé mais il m’a en fait accusé de le jeter en prison, car il est convoqué au tribunal. Il a essayé de me faire croire que j’ai gâché sa vie et que je partirai le cœur tranquille, et également que je les ai utilisé. Lorsque je lui ai dit que le policier m’avait montré la longue liste de son casier judiciaire, il a gardé le silence. A ses côtés sa femme était très mal à l’aise et voulait repartir. Cette conversation de sourds a duré trente minutes avant qu’il ne descende de sa voiture et qu’il me donne l’accolade. Il m’a demandé de donner des nouvelles de temps en temps. Je n’ai pas compris le sens de ce geste. Je sais par ailleurs qu’il a raconté à toute la communauté et bien plus loin sa version des faits. Je quitte donc cette communauté, heureux de passer à autre chose. Les enfants avec qui j’ai eu un lien fort vont me manquer.

At the end of July I went to Port Hedland to help picking up something for the nurse of Punmu. I took the 4wd for a couple of days, and stopped in Warralong for the night.

For helping, I accepted to give a lift to one of the men of the community to pick up his wife in the middle of the night, I thought she might not have any car to come back home. I didn’t really know where to go, I was forced to chase a car on a track, blind by the dust, trying to avoid cows and fences. Once reached, the man beside me went out, opened the door and hit the driver with incredible violence. The victim escaped in the bush followed by the man, I really thought I would assist to a death. Later I accepted to follow the car because he told me it was his wife, whom I really appreciate, and whom was adorable with me, to help her. When we arrived at the end of the track, to a cattle station, I discovered a shocked woman, the face covered by blood and open cuts. I did my best to protect her. I didn’t feel from the landowner any will to support me, to help this woman. While we waited for the police, the man asked me for the keys of the car to go back home with her. I have been asked also to not be involved in any ways, that I didn’t spend enough time with them to understand their culture. She begged me to protect her, but quickly gave up under the fear of consequences. I mentioned I have been used and lied, and I gave back the keys under threat of violence against me, and death towards her. The police arrived too late, and I had to follow them to give a report for a big part of the night. The man has been locked up but quickly released, and the woman went to hospital in the morning.

Family violence occurs in aboriginal communities, which bring sometimes death. The alcohol is often involved. As a “whitefella”, it’s not recommended to be personally involved in such issues, but my culture and my values don’t allow me to witness a woman being bashed, whatever the reasons. I make this journey to discover this culture, it would be hypocritical from me to act like issues like those ones don’t happen at all. However, I keep the names of the people.

I will never forget this night.

When I came back to Warralong, on my way to Broome, I met this man. He waved at me. I stayed only a night in Becks and Ryan’s place, they kindly welcomed me. Short after I took off in the morning, a car reached me, this man and his wife. I thought he would regret to use me, but instead he accused me to throw him in jail, because he’s going to court. He tried to convince me that I broke his life, then I will go back happy, and also that I used them. When I told him that the policeman shown me the long list of his criminal records, he kept the silence. Beside him his wife was really not at ease and she wanted to leave. This deaf conversation lasts thirty minutes. He went out of the car to hug me. He asked me to give some news sometimes. I still didn’t understand it. I know also he told to all the community and beyond his view of the story. Then I leave this community happy to move on. I will miss the kids, with who I have a strong connection.