21-10-2010

Je viens de poser le pied en France. Ce voyage a été une réussite personnelle, riche en aventures et rencontres. Il m'a fallu plus de 7100 kilomètres pour rallier Perth et Darwin. J'ai déjà une féroce envie nouveaux horizons.
Merci à mes amis et famille pour leur soutien durant ces longs mois. Merci aux enfants et parents des communautés aborigènes de Warralong et Punmu pour m'avoir accueilli et partagé un bout de leur vie avec moi.
Je développe mon travail photographique en vue d'exposer. Pour m'écrire : eddiemittelette@hotmail.com
I just arrive in France. This journey has been a personal success, rich of adventures and encounters. It took me more than 7100 kilometers to reach Darwin from Perth. I have now a ferocious need for new horizons.
Thanks to my friends and family for their support during those months. Thanks to the kids and parents from the Warralong and Punmu aboriginal communities, to have welcomed me and shared a part of their lives with me.
I develop my photographic work for expos. You can write me : eddiemittelette@hotmail.com

10-10-2010

Aussitôt Nicola partie je reprends la route pour arriver le plus vite possible à Katherine, à 300 km. À partir de cette ville la route monte plein nord et j’aurai enfin le vent dans le dos, après plus de 6000 km de lutte contre un vent de face quasi quotidien. Entre temps je pourrai m’arrêter à Victoria River pour faire le plein d’eau. Je suis très motivé par le fait d’arriver rapidement maintenant, même si j’apprécie mon voyage, les dernières semaines sur la route ont été très difficile avec la chaleur et l’humidité, mon matelas percé qui me fait sentir les cailloux pointus le matin, la nourriture qui me donne la nausée à présent. Malgré mon alimentation faible en vitamines, j’arrive à rejoindre Katherine en moins de deux jours et demi, en m’arrêtant le moins possible, ne pensant pas au vent qui me cloue sur place quand je franchi des courants d’air entre les collines. Je mets mon cerveau en veille et j’ignore la douleur physique, c’est un état curieux où la détermination surpasse tout le reste, 8h par jours. Les paysages deviennent très beaux, la chaleur augmente toujours légèrement à mesure que je monte au nord. Par contre j’ai eu à faire avec la stupidité des locaux sur le dernier jour. Des méthodes d’intimidation des fermiers du coin avec leur Pick-up (non immatriculés), qui serrent sur la ligne où je roule et se retirent au dernier moment, le tout à grande vitesse. Heureusement je regarde chaque véhicule dans mon miroir, accessoire devenu le plus important de mon vélo, ça me permet de les éviter au dernier moment en mordant sur le bas côté en terre. J’arrive à Katherine épuisé, obsédé par la nourriture. Chose pour laquelle je n’ai aucun désir d’habitude, je dévore un steak de 650g cru, et par chance je ne tombe pas malade.
J’ai Nicola au téléphone qui me propose un week-end chez elle, elle viendra me chercher en voiture de Pine Creek qui est 100 km au nord de Katherine et 225 km de Darwin. Le lendemain je reprends donc la route sans m’être reposé pour arriver dans la journée à Pine creek, poussé par le vent. Quel pied ! sur le chemin je rencontre un anglais très sympa qui roule depuis Londres en passant par l’Afrique et l’Inde sur son vélo, une batte de Cricket sur son porte bagage, il rejoint Brisbane sur la côte Est pour assister à la compétition des « Ashes » de Cricket, mondialement suivie. À Pine Creek je laisse mon vélo dans le camping pour repartir avec Nicola qui va me garder ma remorque, et tout ce dont je n’ai pas vraiment besoin pour le reste de mon voyage.
De retour à Pine Creek, il me faut peu de temps pour rejoindre le parc national de Litchfield. La chaleur est étouffante, je m’arrête dans toutes les chutes d’eau et piscines naturelles creusées dans la roche pour me rafraîchir. J’observe les termitières qui peuvent faire jusqu’à deux fois ma taille et toute orientée de leur face plate dans la même direction au degrés près pour capter le soleil aux moments les plus frais de la journée. En fin de journée je passe la nuit à Walker Creek, une zone autorisée au camping, où je me retrouve seul au bord d’une petite chute d’eau. Il pleut toute la soirée, une pluie agréable, je reste seul, nu assis dans un trou d’eau à la roche lissée et confortable en attendant la nuit. Un endroit magnifique et sauvage, paisible et propice à la réflexion.
Le lendemain je m’engage sur la route qui contourne le parc, une piste de plus de 30 km pour éviter de revenir sur mes pas et passer par la route principale. Sur les conseils des locaux je franchi une rivière asséchée de 2 km sans m’arrêter, sans camper, pour ne pas faire un autre titre de faits divers. Les crocodiles y vivent en nombre toute l’année. Le paysage est splendide, la végétation est vibrante de vert, les termitières dressées à perte de vue.
Finalement je rejoins la route. Je décide d’aller à Darwin par l’ouest, la péninsule de Cox. Au bout Mandorah et le ferry qui mène à Darwin en 15 min seulement. Les derniers 60 km se font en moins de 3h, je suis épuisé, trempé par l’humidité, la route est très étroite, juste de quoi faire passer deux voitures, sur le bas côté des marais, le bruit assourdissant des insectes, et cette même végétation vibrante. Je sais déjà qu’une fois rentré en France dans quelques jours ces moments uniques vont me manquer. Je franchi aujourd’hui la barre des 7000 km. Arrivé à Mandorah, petite ville calme de bord de mer, je suis accueilli par toute la communauté au country club où se dispute un concours d’Air guitare. Je reste à dormir sur place pour prendre mon ferry le lendemain et arriver enfin à Darwin.

As soon as Nicola is gone, I go on the road to reach quickly Katherine, 300 km away. From there, the road leads up north, I will get a tail wind, after more than 6000 km fighting against a daily face wind. In between I will stop in Victoria River to fill my water bottles. I am very motivated to arrive quickly now, even if I still appreciate my trip, the last few weeks on the road have been really hard with the heat and humidity, my punctured mattress makes me feel all the sharp rocks every morning, and the food which give some nausea. In spite of my low energy food, I reach Katherine in less than 2 and a half days, stopping as less as I can, to avoid thinking about the wind which put me down when I cross some channels between high hills. I put simply my brain on standby and I ignore the physical pain, this is an odd state where the determination overwhelm everything, 8h a day. The landscapes begin to be really beautiful, the heat grows slightly everyday as long as I ride up north. However I have to deal with stupidity with local farmers on the last day. Intimidation methods with their Ute (without number plates obviously), whom cross the line of the banks in high speed, and get away at the last moment to scare me. Fortunately, I check every vehicles in my mirror, the most important accessory on my bike, it helps me to avoid them by riding on the earthy banks. I arrive completely exhausted in Katherine, obsessed by food, I eat a 650g steak, raw, and I don’t fall sick…
I have Nicola at the phone, she proposes me a week end in her place, she will pick me up in Pine Creek, 100 km north of Katherine and 225 south of Darwin. The following day I go back on the road without rest, to reach Pine Creek early that day, pushed by the wind. On the way I meet an english cyclist really friendly whom ride his bike from London through Africa and India, a cricket bat on his rack, he reaches Brisbane on the Est coast to take part of the « Ashes », a worldwide cricket competition. In Pine Creek I leave my bike in the camping to go with Nicola whom keeps me my trailer and few useless gears.
Back in Pine Creek, It takes a short time to reach Litchfield national park. The heat is suffocating, I stop in every rock pools and waterfalls to cool my body down. I admire the termits mounds which can be twice my height and all orientated on the same direction to keep the heat on the coolest time of the day. At the end of the day, I camp in Walker Creek, a little area opened for camping, where I stay alone by a little waterfall. It rains all evening, I sat in the water, naked in a rockhole, comfortable, waiting for the night. A wild and wonderful place, peaceful and ideal for thinking.
The following day I take the road which continues around the park, a 30 km track to avoid to come back, and to use the main and busy road. Adviced by locals, I cross a 2 km wide dry river without stopping nor camping, to avoid being in the newspaper. The crocodiles live there all year long. The landscape is beautiful, the vegetation is green and vibrant, the termites mound scattered all around.
Finally I reach the bitumen road. I decide to go to Darwin by the West side, by the Cox peninsula. At the end, Mandorah and the 15min ride on the ferry to Darwin. The last 60 km last less than 3h, I am exhausted, soacked by humidity, the road is very narrow, just enough space for 2 cars, on the banks of the mangroves, vibrant green. I already know that I will miss those unique moments once back in France in few days. I reach today 7000 km. Arrived in Mandorah, a little quiet town by the sea, I am welcomed by all the community at the country club where an Air guitar contest happens. I stay for the night there, and in the morning I take my ferry to Darwin.




















30-09-2010

Après 10 jours passés à Kununurra, je repars avec Nicola, une cycliste qui vit à Darwin et que j’ai rencontrée à Broome. Elle m’a demandé de m’accompagner sur une petite partie de mon voyage et j’ai accepté. Nous avons franchi ensemble la frontière des territoires du nord pour nous diriger vers Timber Creek, à environ 240 km. C’est agréable de rouler à deux, de s’encourager, mais compte tenu que Nicola n’était pas lourdement équipé, je transporte l’eau pour deux. Le vent souffle très fort de face, ça rend la progression très difficile, et la chaleur est étouffante. Le deuxième jour, je n’arrive plus à cuire nos repas sans me brûler ni à avaler mes pâtes, l’humidité rend la chaleur difficile à supporter. Pour nous ravitailler en eau, des voitures s’arrêtent pour nous proposer de remplir mes bidons, ça donne lieu à de longues discussions mais ça aide à faire passer les journées. Sur la route il n’y a pas beaucoup de monde, et le paysage est parfois ennuyeux. Le dernier jour nous décidons de faire les 115 km d’un seul coup, et nous profitons de la soirée pour éviter les grandes chaleurs. Nous sommes récompensés par une journée de repos au bord d’une piscine à Timber Creek avant que Nicola reparte en bus pour Darwin, elle reprend le travail le lendemain. Il ne me reste que très peu de kilomètres pour arriver à Darwin, moins de 1000, et je suis en avance sur mon calendrier, je me rend compte que j’aurais pu passer plus de temps dans les communautés aborigènes. En même temps la saison humide est déjà en train de s’installer, j’aurais eu du mal à traverser certaines régions inondables et j’aurais essuyé des pluies torrentielles.

After 10 days spent in Kununurra, I start riding with Nicola, a cyclist from Darwin whom I met in Broome. She asked to join me on my trip for a little while and I accepted. We crossed the Northern Territory together to reach Timber Creek, about 240 km away. This is nice to be 2, to cheer each other, but because she is not heavily equipped, i have to carry the water for 2 people. The head wind blow really strong, it makes our ride very difficult, and the heat is suffocating. To find water, some cars stop to propose to fill my tanks, which start some long discussions but it’s nice to have a chat to handle the long days. On the road there isn’t a lot of people and the landscapes are not really exciting. The last day we decide to do the 115 km to arrive in Timber Creek, we take advantage of the cool evening to avoid the big heat of the day. We are rewarded with a lazy day by the pool in Timber Creek before Nicola goes back to Darwin by bus, she starts working the following day. There is few kilometres to go until darwin, less off 1000, and I am early in my planning, I realize that I could spend more time in aboriginal communiuties. At the same time the wet season is starting to settle, I would have troubles to cross some flooding areas and I would face some torrential rains.





21-09-2010

Je suis actuellement à Kununurra après une traversée des Kimberley par la Gibb River Rd, de 800 kilomètres de pistes.

Je suis d’abord parti de Broome et rejoins Derby en 2 jours. Le Kimberley est une région encore sauvage passable en 4x4 durant la saison sèche, et qui se transforme en terres inondées durant la saison humide. Pendant cette saison les crocodiles d’eau de mer remontent les rivières et habitent les lieux. Certaines rivières sèches deviennent des torrents déchaînés de plusieurs mètres de profondeur, inondant la plupart des routes.

Ma traversée a duré 13 jours environ. Il a fait en moyenne 38°C et jusqu’à 40°C sur la deuxième moitié du parcours. L’humidité est montée à 80%, rendant mes journées étouffantes, du levé du soleil à son couché. La nuit le sol brûlant diffusait la chaleur emmagasinée la journée, ça a rendu cette traversée fatigante. L’eau dans mes bouteilles était brûlante, et j’ai dû boire près de 13 litres chaque jour. Sur la première moitié, il y avait de magnifiques gorges à visiter. L’accès était parfois difficile car les pistes sont très rarement entretenues. Les 4x4 sur le sable et terre battue provoquent de profondes ondulations, qui à vélo réduisent la vitesse au pas. Impossible de s’asseoir sur la selle, car ça secoue beaucoup trop. Parfois j’ai été obligé de rouler dans la savane épaisse à côté de la route pour pouvoir avancer et ne pas abîmer le vélo. La largeur totale de la route est en mauvais état, auquel il faut ajouter les cailloux pointus et le sable qui m’a valu plusieurs chutes. Ça a été finalement plus dur mentalement que physiquement. Il m’a fallu aussi traverser 3 rivières, d’une profondeur de 40 cm. Mon régime alimentaire était composé encore et toujours de pâtes au thon, ce qui m’a parfois donné la nausée. Je suis arrivé à la fin de la piste affaibli car j’ai sauté des diners.

J’ai pu assister chaque soir à une accumulation de nuages et de gros orages avec éclairs, dû au refroidissement brutal de la température. Je n’ai eu qu’une seule nuit de pluie.

J’ai pu voir de près des crocodiles d’eau douce, des serpents, des traversées de kangourous, beaucoup d’araignées qui adoraient se cacher dans mes sacs ou sous ma selle de vélo. J’ai aussi trouvé un ami, un petit goana qui un soir m’a observé pendant 2h depuis son rocher tiède, à 30 cm de moi, lorsque je cuisinais, jusqu’au couché.

Quelques fois des touristes se sont arrêtés gentiment ; surtout par pitié ; pour m’offrir du coca frais, parfois des bières…toute boisson glacée est bonne à prendre.

J’ai pu aussi me baigner dans certaines rivières, où même l’eau est chaude, nettoyé par des centaines de petits poissons...

Mes pneus ont souffert avec les cailloux coupants mais je n’ai pas crevé, juste le crochet d’un de mes sacs qui a lâché sous les vibrations et le poids, j’ai pu réparer.

I am now in Kununurra after the crossing of the Gibb River Rd through the Kimberley, 800 kilometers of severe unsealed roads and tracks.

First I reached Derby in 2 days. The Kimberley is a huge area, still wild, possible by 4wd during the dry season, and which becomes a wetland with the wet. During the monsoon, saltwater crocodiles come up the rivers and inhabit the land. Some of the dry creeks become torrential with several meters of water depth, flooding most of the roads.

My crossing lasts 13 days. The temperature was about 38°C, but reached 40°C the second part. The humidity went up to 80%, making my days harder, from dawn to dusk. At night the hot ground diffused the heat of the day. The water in my bottle was boiling, and I had to drink about 13 litres everyday. On the first half it was some nice gorges to visit. The access was sometime difficult because of the non-maintained tracks. The 4wd on sand and soil make some deep corrugations, which reduces the speed to walk. Impossible to sit on my saddle, due to the shakes. Sometimes I had to cycle in the thick savanna to get some speed and to don’t wreck my bike. The whole width of the road is covered by corrugations, sharp rocks and sand, on what I fell several times. It’s was definitely harder mentally than physically. I had also to cross 3 rivers, but max 40 cm deep. My diet was composed still by pasta and tuna, with gives me now nausea, so I ended on this road a bit dizzy by missing few diners.

I could witness every evenings a build up of clouds, storms and lightning, due to the drop of temperatures. I had only a night of rain.

I could see some fresh water crocodiles, snakes, kangaroos, lots of spiders who loved to hide in my bags or underneath my saddle. I also found a friend, a little goanna. He observed me for 2 hours, 30 cm away from me while I cooked.

Sometimes some tourists stopped kindly to offer me some cold drinks, sometimes beers… everything cold is welcome…

I swam in some warm rivers, cleaned by hundreds of little fishes…

My tires suffered with sharp rocks, but I hadn’t any punctures, just the hook of one of the panniers came off, I could repair.